SNCF – C’est pas le moment!

Voici la publicité actuelle de la SNCF en abri-bus: « C’est pas le Moment! »
SNCF C'est pas le moment

C’est pas le Moment? C’est pas une faute? Faut-il faire une faute de français pour se faire remarquer? Ou, est-ce que la langue française est en train d’évoluer tellement que ça devient la norme d’exclure le « ne »? J’ai été frappé par l’idée que la SNCF (www.voyages-sncf.com) l’ait accepté dans leur publicité. J’ai pensé, même, que peut-être c’est peut-être une référence culturelle qui m’échappe? Mais, peut-être, c’est la SNCF qui est dans l’air du temps, surfant sur le succès de « C’est pas sorcier »?   Qu’en pensez-vous?

Bi-Bop : Qui s’en souvient de…?

Bi-Bop BorneJ’ai vu cette petite bande tricolore (gauche) autour d’un poteau et ça m’a rappelé le début de l’aventure « mobile » pour moi: mon premier Bi-Bop (droite). Il s’agissait des années 1993-1994. Je faisais parti des 300,000 cobayes…au début je me sentais un peu James Bond… mais c’était back to reality Bi-Bop Telephoneavec la recherche des bornes (la bande), la connexion très erratique. Ainsi, l’abonnement n’a duré qu’un an. J’ai le souvenir de l’avoir vendu à un copain volontaire (merci Nicolas).

Maintenant, l’appareil Bi-Bop se vend aux collectionneurs (ici sur PriceMinister (désormais en arrêt) à 150 euros, ou à 120 euros sur eBay). Ils sont marrant, d’ailleurs, sur PriceMinister car ils l’appellent un téléphone fixe. Si tu as conservé le tien, Nico, c’est peut-être un bon deal de le vendre maintenant.

Ma question: quand vont disparaître ces petits bandeaux bleu, blanc et pas si vert?

Jacqueline de Romilly – À la recherche de la vraie Éducation

Jacqueline de Romilly: « Il y a un divorce entre enseignement intellectuel et formation morale »

Le Figaro – 29 oct. 2008

«Enseignement » et « éducation » sont deux mots presque synonymes qui pourraient s’employer l’un pour l’autre. Il existe cependant entre eux une légère nuance de sens: l’enseignement désigne avant tout la transmission des connaissances intellectuelles…lisez plus…

Dans cet article ci-dessus du Figaro du 29 octobre 2008, ils ont publié le discours de Jacqueline de Romilly sur l’état de l’enseignement et de l’éducation en France.

L’enseignement est un sujet qui me tient à cœur personnellement et professionnellement. Dans un billet précédant voisinant le sujet du discours de Mme. de Romilly, j’ai écrit sur le sujet de la différence entre l’éducation et la formation (‘training’ en anglais). [J’ai aussi noté l’existence (et décès) de Note2be RIP].

Alors que l’enseignement concerne la transmission et apprentissage des connaissances intellectuelles, Mme. de Romilly met l’appui sur l’importance de l’éducation. Elle déplore le manque au niveau de l’éducation qui comprend la transmission des valeurs. « L’éducation…désigne le fait de mener un être à l’accomplissement de ses qualités propres ; pour l’homme, ces qualités humaines concernent l’esprit, le caractère et l’aptitude à la vie en société. » Elle cite trois grands problèmes dans l’éducation française: (1) l’affaiblissement de la connaissance de la langue qui nuit à la capacité de communiquer [avec risque de tendre vers la violence]; (2) les lacunes au niveau de l’histoire et donc de son passé et de sa culture; et (3) le manque au niveau de la lecture de la littérature qui permet « la formation de l’homme » à travers des idées, images et personnages iconiques.

Un point essentiel est que l’éducation des enfants commence à la maison. Par exemple, la communication en famille autour d’une table permet de nouer les liens, raconter des histoires et, par la même occasion, l’histoire de la famille. Mais, aujourd’hui, avec la poursuite du temps, les familles rompues et le stress du travail, la transmission des valeurs et de l’histoire et le partage du temps libre sont des denrées rares pour un enfant. Par ailleurs, je sais que le philosophe Luc Ferry m’appuierait pour dire que la passion pour — et la lecture des — grandes classiques, dans lesquels on trouve des vraies leçons de la vie, serait indispensable pour l’éducation d’un jeune. En fait, le plus important pour un enfant, c’est de développer une ou des passions. À travers cette passion, on cultive sa curiosité, on apprend, on se connecte et, au final, on donne du sens à notre vie.

Arrondissant la notion de l’éducation de l’être, en dehors de l’Académie, je suis un fervent pour le coté éducatif du sport: comment travailler en équipe, être un leader, faire face aux difficultés physiques, savoir gagner et perdre avec grâce. Bien sûr, les sports ne sont pas tous égaux dans la transmission de ces valeurs et ne sont pas forcément pour tous. Mais, pour beaucoup, le sport est également une échappatoire qui permet de canaliser son énergie. Dans un autre domaine, je crois profondément à l’importance du théâtre et de la danse. Le fait d’avoir fait du théâtre (j’ai joué dans une dizaine de pièces) était très formateur pour moi — ça demande un travail sur soi, vous ouvre à la diversité des personnalités, et exerce vos talents de communication et sur votre présence sur scène. En Angleterre et à l’université aux États-Unis, j’ai aussi beaucoup apprécié l’art du débat–un environnement qui aiguise ses talents dans la défense de ses idées, la communication en public ainsi que la compétition.

Ce qui m’a frappé dans l’article de Mme. de Romilly est, en quelque sorte, la similarité de ce qu’elle décrit avec l’état de l’éducation — pour ainsi dire la société — aux États-Unis. Mme. de Romilly ne cite pas l’influence de l’internet. Et pour cause, ce n’est qu’un outil et n’est pas à la racine du problème. Mais elle aurait pu étendre ses propos en parlant du manque d’attention des enfants, distraits par le monde hyper-visuel en ligne, les jeux addictifs, le chat sans sens profond, etc. Outre-atlantique, un livre est sorti cet été aux États-Unis qui s’appelle « Why We Hate Us » (« Pourquoi nous nous détestons » et disponible sur Amazon.fr ici) par Dick Meyer. Dans un sens similaire, mais d’un angle totalement différent, le livre de M. Meyer parle du manque d’intérêt que portent les Américains vis-à-vis des uns et des autres. Pour M. Meyer, il ne s’agit pas de détester comme haïr, mais détester comme « ça fait ch***. » L’ennui que provoque la conversation dans les dîners suburbains aux États-Unis, dit M. Meyer, envoie un certain nombre des américains vers la solitude, l’isolement. Le dialogue, la conversation sont trop déshumanisés. Beaucoup d’entre eux sont déçus par le manque de culture, le manque de profondeur, les platitudes–et disons le, les conséquences du devoir permanent du « politiquement correct. » Les Américains, écrit-il, tournent naturellement vers l’internet pour trouver de l’interaction avec d’autres qui partage une vraie passion, qui sont présents à tout moment dans les réseaux de médias sociaux. Les nouvelles technologies facilitent cette interaction (pas nécessairement profonde) et permettent de retrouver d’autres passionnés autour du même sujet. Est-ce
que le même phénomène serait en train de se passer en France?

Avec du recul sur les propos de Mme. de Romilly, je dirais que l’enseignement en France se focalise trop sur l’académie de façon générale et devrait intégrer plus « d’éducation » et de la culture, comme du sport, du théâtre, et même du débat. Dans l’emphase sur les matières qui favorisent le coté gauche du cerveau, l’enseignement français est bancal et donne encore moins de chance aux enfants d’arriver à l’éducation dont parle Mme. de Romilly. Si Mme. de Romilly et M. Meyer parlent de valeurs à l’ancienne et que certains considèrent comme étant ringardes et conservatrices, elles sont selon moi des valeurs importantes et atemporelles et et qui peuvent — dans certains cercles au moins — foisonner des cotés de l’Atlantique (et bien sûr de la Manche aussi).

D’autres blogs sur l’article de Mme. Jacqueline de Romilly:
Le Salon Beige
Veille Education

Des blogs (en anglais) sur ce dernier livre « Why We Hate Us » élabore bien le propos de M. Meyer:
Page 99 Test
Campaign for the American Reader

Note2be: les etudiants notent les professeurs

note2beEn France, deux jeunes garçons hommes ont eu la bonne idée de créer un site, note2be, pour noter les professeurs à l’école. Je dis bravo. Qui plus est, il semblerait que les étudiants ont « le bon esprit » et ont donné une moyenne de 14 sur 20. Bombardé, le site est actuellement en surcapacité (plus de 50,000 visites en 3 jours – et ce même avant l’apparition dans le Figaro ce vendredi, « Les profs ont 14 sur 20… ») et donc pas visitable actuellement. Néanmoins, je trouve le concept très rafraîchissant. Évidemment, la confidentialité permet aux étudiants de se lâcher. L’éducation en France est en train de souffrir, c’est évident. En partie, en parlant avec mes amis dans le milieu, il semblerait que la façon d’enseigner en est pour quelque chose. La FSU (syndicat d’enseignants) parle de phénomène de « lynchage public». Pourvu qu’ils ne commencent pas un grève.

J’ai deux commentaires à émettre sur le sujet :

1/ Noter des professeurs est un concept que nous pratiquons de façon rigoureuse dans l’éducation des adultes (« andragogie »), que ça soit dans le cadre de l’enseignement continu ou la formation permanente au sein de l’entreprise. Le principe est accepté facilement car les participants font le cours/stage avec un sens de responsabilité. L’enseignant est tenu a des objectifs – une responsabilisation (« accountability » un de mes mots favoris en anglais). Ainsi, la notation des professeurs est tout à fait raisonnable, car même si l’éducation est « gratuite », il y a toujours un prix a payer. Encore faut-il se mettre d’accord sur les objectifs en amont! Mais à premier abord, les questions sur le site note2be sont correctes.

2/ Les questions posées par le site sur le professeur semblent aller directement sur le fond : « ton professeur est intéressant ? », « il/elle manque de motivation », « il/elle est équitable », ou encore « il/elle est clair(e) »… Il ne s’agit pas de sujets frivoles, mais de la qualité d’engagement et des principes de base de la pédagogie.

Je prépare un nouveau billet sur les professeurs dans ma vie qui m’ont marqué profondément, me donnant envie d’apprendre pour ne pas dire m’avoir appris tellement de choses dans la vie (et bien sûr par rapport au cursus). Le professeur est le pilier du système éducatif, car même avec un curriculum (en France) qui se doit d’être revu, un bon prof vaut de l’or ; et un système de notation permettrait aux meilleurs professeurs d’être reconnus en tant que tel. Les Etats-Unis devrait prendre note [en plus le nom du site irait bien pour les anglophones]. Addendum du 26 février: Grace au commentaire anonyme (ci-dessous), je vois qu’il y a déjà 2 sites aux Etats-Unis avec le même concept: ratemyteachers (ouvert en 2001 pour tous les enseignants de la maternelle jusqu’au bac en Amérique du Nord; plus de 10 million d’opinions) et ratemyprofessors (ouvert depuis 1999 avec 6 million d’opinions pour 1 million de professeurs à plus de 6,000 universités anglophones à travers le monde).

Par ailleurs, il serait tout à fait intéressant de pouvoir faire une notation des médecins aussi ? Un sujet à étudier.

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D’autres qui ont bloggé sur ce site :
Squewel
Tape moi (lien cassé)
bleugger (lien cassé)

L’université en France

Une petite rubrique dans le magazine Les Echos: selon une étude par Shanghai Jiao Tony University, l’Université Paris 6e, au rang 45e, est la première université française dans le classement mondial des universités en 2006. La méthodologie comprend les scores notamment en matière de recherche, nombre de prix Nobel attribués aux alumni (anciens) et professeurs, articles publiés… Quand on parle des nouvelles mesures à mettre en place en France, il y a de toute évidence beaucoup de travail au niveau des universités et, compte tenu des critères focalisant sur la recherche dans cette étude, encore du travail pour renforcer la recherche. La liste est dominée par des universités américaines (45 dans la première centaine), mais quand on voit autant d’universités « publiques » (avec une réputation moins percutante en terme d’éducation des élèves), ça me laisse à réfléchir pas mal.

Pièce de Résistance – Dans le Limousin

(English translation below)

Nous avons visité plusieurs sites autour d’Eymoutiers où sont tombés des hommes de la Résistance. Le Limousin était, pendant la guerre, une région ‘non occupée’ et a ainsi été une zone de beaucoup de résistants, sensiblement lié aux convictions communistes.

Il est toujours intéressant d’observer le comportement des familles vis-à-vis du sujet de la participation de leur famille pendant la guerre. Dans le temps, on voit souvent des processus différents se dérouler, incluant la romantisation de la résistance, une fausse attribution de résistant et, puis, la bête noire: la collaboration.

Nous avons visité le site de Mont Gargan, une colline sur laquelle une troupe de Nazis a combattu le 18 juillet 1944, une dizaine de maquisards (dont 2 espagnols), situés dans un cimetière au village avoisinant, Saint-Gilles-Les-Forêts. (Voir wiki référence). Sous les ordres stricts du célèbre Colonel Guingouin, le groupe de résistants, sous la commande de Lt. Pierre Malavaud — l’oncle de ma femme — est resté combattre jusqu’à ce que les allemands les entourent et les tuent.

Cette histoire figure au petit musée de la Résistance à Peyrat-le-Château. Un musée à deuxPeyrat-le-Chateau Musee de la Resistance pièces dédié aux maquis limousins. (peyrat-tourisme.com). 2E50 par adulte. [Attention aux enfants pour la visite de la salle de gauche, car des scènes graphiques sur la déportation, les camps de concentration…].

Ma motivation pour ce billet vient de la rencontre sur la colline à Mont Gargan (760m). A mi-chemin, je demande un renseignement à un monsieur âgé d’environs 70 ans. Il commence à dire, « Je m’en souviens comme si c’était hier… ». Vivant en bas de la colline (toujours), il dit avoir eu 12 ans au moment de cet événement ‘peu glorieux.’ Il raconte que « ça s’est passé strictement de la façon suivante…et ce n’est pas l’histoire qu’on veut connaître. Les allemands qui tenaient la colline ont tout simplement liquidé les maquis en envoyant une troupe par derrière. Les maquis n’avaient aucune chance. Guingouin n’était nulle part avec eux. »

Il poursuit, « Dans la guerre, beaucoup de monde n’a pas eu à manger. Les hommes envoyés « volontaires » dans les camps de travail en Allemagne, vous savez, n’ont pas eu beaucoup plus que le citoyen allemand de base. Quant à moi, je n’ai jamais manqué à manger car je vivais–depuis toujours–sur une ferme en-bas. »

On bifurque sur la carrière de cet homme, pilote dans les Forces Aériennes (Algérie) et puis avec Air France pendant 45 ans. On revient sur les activités de la résistance. Il répète presque mot à mot ce qu’il m’avait déjà raconté (…comme si c’était hier…). Après, il enfile avec la liaison manqué avec une hôtesse de l’air…allemande. Enfin, il rajoute ensuite les phrases suivantes:

« Ah, dans la guerre, on ne donne pas de la valeur à la vie. Et, puis, c’est pareil aujourd’hui. On est en guerre. Et comme avant, ce sont les juifs qui sont au centre de tout cela. »

J’ai tout compris. Ses propos se sont glissés bien rapidement vers sa sordide vérité. D’entendre tout ceci là où l’oncle Pierre est tombé ne me convenait pas. Je l’ai quitté sommairement ce monsieur anti-sémite.

Il fallait que je me souvienne du pourquoi on a fait cette visite et les vrais messages de fond à passer aux enfants.

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ENGLISH TRANSLATION

Pièce de résistance

We visited several marked sites around Eymoutiers where men from the Resistance were killed. The Limousine region was, during the war, a “non-occupied” area and was thus a zone of much resistance, sometimes related to their communist convictions.

It is always interesting to observe the behavior of families relating the participation of their family during the war. In time, one often sees different developments, including the glorification of the Resistance, a false attribution of participation and, the ugliest: the opposite, Collaboration.

We visited the site of Mont Gargan, a hill on which a troop of Nazis engaged, on July 18, 1944, ten “maquis” [the name used for the men and women of the Resistance] including 2 Spaniards, located in the cemetery of the neighbouring village, Saint-Gilles-Les-Forets. (See wiki reference). Under the strict orders of the famous Colonel Guingouin, the small band of maquis, commanded by Lt. Pierre Malavaud — the uncle of my wife — remained at their station until the Germans surrounded them and annihilated them.

Peyrat-le-Chateau Musee de la ResistanceThis event is related in the small Museum of the Resistance in Peyrat-le-Chateau. A museum, in two parts, dedicated to the maquis of the Limousine. (peyrat-tourisme.com). 2E50 by adult. [Take care with children, for the room on the left contains rather graphic scenes on the deportation, concentration camps…].

My motivation for this posting comes from a meeting on the hill of Mont Gargan (760m). Halfway up, I request information from older man (about 70 years old). He starts to say, “I remember it as if it were yesterday…” Living in bottom of the hill (as he still does), he said he was 12 years old (which would make him 83 which was highly unlikely) at the time of this not-very-glorious event. He recounts that “events occurred formally in the following way… and it is not the history which one wants to admit. The Germans who held the hill quite simply liquidated the maquis by sending troops down the hill and circling behind their position in the cemetery. The maquis did not have a chance. Guingouin was nowhere to be seen.”

He continues, “In the war, many people had little to eat. The men volunteering or who were sent by force to the labor camps in Germany, you know, they were fed about as much as the basic German citizen. As for me, I was always well fed because I lived—still today—on a farm just below.”

We diverge onto the career of this man, who was a pilot in the Air Forces (participated in Algeria) and then with Air France during 45 years. We return to discuss the activities of the Resistance. He repeats almost word for word what he had already told me (… as if it were yesterday…). Afterwards, he continues on about the missed liaison with a German air-hostess…. Lastly, he adds the following sentences:

“Ah, in the war, one does not give value to life. And, then, it is similar today with the new war we are suffering today. And like WWII, it is the Jews that are at the center of it all.”

I very much understood his intentions. His remarks slipped quickly down towards his sordid truth. To hear all this where the Uncle Pierre fell just was not appropriate. I left this anti-semite man summarily.

I had to refocus on the visit and remember why we were here; and the right messages to be passing along to our children.