Verbe Égal au Très Haut… Le Mot Qui Parle

Dans ma jeunesse, j’ai eu la chance de découvrir la Cantique de Jean Racine, Op. 11, par Gabriel Fauré, quand je l’ai chanté dans le chœur de mon école à l’âge de 16 ans. C’est une pièce sublime. Ça élève l’esprit. Et presque 50 ans plus tard, je reviens à apprécier le verbe mais dans un tout autre contexte. Je vous invite de l’écouter ici :

Dans beaucoup d’écoles, le sujet de l’orthographe et la grammaire est bien épineux. Qu’importe d’écrire sans faute, demandent certains, en vantant les plaisirs des vidéos, la variété des émojis et des émoticons et le déferlement des images. Avec l’âge, on pourrait imaginer que c’est une pensée arrière garde que de vouloir rester vigilant sur l’orthographe. On pourrait en effet me traiter de traditionaliste, à vouloir conserver les dictées, le vouvoiement et le subjonctif. Mais, le fait est que beaucoup de notre vie moderne — qui concerne donc les jeunes générations — est soutenu par le mot. Ce n’est pas sans ironie que je constate que Fauré n’avait que 19 ans quand il a écrit cette œuvre magnifique.

Mais pourquoi compte-t-il tant le mot (et l’orthographe) aujourd’hui ?

Autant je n’étais pas un étudiant hautement doué à faire les dictées avec mon français approximatif dans ma jeunesse, autant j’ai toujours apprécié une belle écriture. Après tout, ma matière principale à l’université était la Littérature. Mais aujourd’hui, sans rentrer dans les polémiques du genre des genres ou la beauté des irrégularités, le pouvoir du mot reprend le poil de la bête. A l’instar du film « Le Brio, » (titre raté, je trouve), réalisé par Yvan Attal et avec Daniel Auteuil dans le rôle principal de Professeur Pierre Mazard, on voit un traitement sensible et sensé sur le pouvoir du mot. Comme le dit Serge Gainsbourg dans les premiers clichés du film, « ce sont les mots qui véhiculent l’idée et non pas l’idée qui véhicule le mot. » Dans un monde où on est en train de neutraliser le genre, de censurer des thèmes entiers et de se contenter d’une communication dépourvue de profondeur — avec en parallèle ou peut-être en conséquence des problèmes de santé mentale accrus — nous vivons une période de crise de sens. Et quoi de plus ironique que le manque de sens dans nos mots.

Les mots sont encore la base de la technologie moderne…

Malgré la pléthore de vidéos existantes et qui sont téléchargées à chaque minute, elles doivent passer par un codage écrit en mots et qui ont besoin d’être taguées et transcrites par du texte pour être répertoriées sur l’internet. Comme tout programmeur le sait, le code doit être précis. Il ne déroge pas de la ligne droite. Quand on briefe une agence ou donne des instructions, les mots choisis indiquent le sens. L’articulation d’un brief bien écrit est fondamentale pour le succès de la création. Gainsbourg l’a dit vrai. Dans une entreprise, on sait combien la communication est clé. C’est l’élément vital d’une organisation, que ça soit une ONG, les militaires ou une entreprise à but lucratif. La communication passe par les mots, tout comme une culture est formée par son langage, ses rites et ses comportements. Le progrès de notre civilisation repose sur l’intelligence – et la compréhension mutuelle – de notre langue. Et avec l’artifice de l’intelligence créé par les machines, nous pouvons sûrement observer à quel point le sens du mot est au cœur de l’IA. Conservons alors la valeur et le poids du mot juste.

« Verbe égal au Très-Haut
Notre unique espérance. »

Generation D comme Digitale – Irrespect {Guest post par @Yendial}

Irrespect ?*

Generation Y Journal de Quebec, The Myndset Digital Marketing and Brand StrategyQuand on parle de la Génération Y (née 1980-2000), on a tendance à la caractériser ainsi : pas de respect de la hiérarchie et egocentrique (en contradiction quand les jeunes reprochent à la société d’être trop individualiste).

Certes, il y a 25 ans, quand j’avais leur âge, nous entendions aussi le manque de respect de la hiérarchie. La rébellion, l’insoumission et l’égocentrisme sont plus forts relativement à 20 ans qu’à 40 ans. Entre ces deux âges, on est censé découvrir autrui.

La différence que je verrais dans la Génération Y est liée à son expérience digitale ; pas de pyramide structurée, pas de haut vers le bas, mais tous azimuts, une connexion web plus immédiate et plus transparente. La Génération Y respecte le succès et l’influence, plus que le titre hiérarchique.  De quoi voir une nouvelle génération digitale et bien plus  entrepreneuriale.

*Cette série de posts par Yendi Dial est inspirée par la participation au Hub Forum 2012. Yendi travaille au Myndset Company

Le lien manquant

Billet par Yendi Dial

Où est le lien?

Le 1 mars 2011, Michel Serres, philosophe et écrivain, a fait un discours à l‘Institut de France. Les nouvelles générations sont des femmes et des hommes nouveaux « hominescentes », ce qui me fait rebondir sur la présentation de Minter Dial (sur la relation entre la marque et la Génération Y) dans laquelle, il développe les nouveaux rapports au travail, à la consommation et aux marques.

Précédemment, l’expérience humaine était celle de la guerre, la faim, la douleur, la petite communauté fermée sur sa langue, sa culture, sa religion, son pays, sa nation, l’homogénéité culturelle.

Le confort se répand… Continuer la lecture

L’Art & La Science – Hubert Reeves en parle

Voici un joli texte sur l’art et la science rédigé par Hubert Reeves et qui apparaît sur son site (www.HubertReeves.info).  Ca me fait penser à l’importance de rejoindre, dans le cadre du travail, le rationnel avec la créativité — parfois on dit les éléments du cerveau gauche avec la droite (alors que cette segmentation n’est pas tout à fait juste).  Comme Reeves dit, l’art et la science — tout comme le rationnel et le sentiment — ont en effet besoin l’un de l’autre.  Il faut accepter et laisser fleurir les deux cotés.

« Ni l’art ni la science sont des barrières à la violence.

L’art offre une vision de la réalité. La science en offre une explication provisoire. Alors que la science requiert un raisonnement, une rationalité, l’art s’adresse à l’un ou l’autre de nos sens. Et engendre un état d’âme. Quand un air de musique, un tableau nous transportent, nous voilà faisant corps avec l’œuvre. L’artiste nous transmet une vision du monde à laquelle on adhère spontanément, sans chercher à comprendre. L’artiste n’explique pas son œuvre : il l’enfante. Le résultat nous chavire ou nous laisse indifférent : c’est une question de sensibilité personnelle. Il y a comme une frontière étanche entre l’art et la science, mais je ne parlerai ni d’opposition, ni de conflit. Ce sont deux manières d’appréhender le réel, et se priver de l’une ou l’autre m’apparaît comme une infirmité. La sphère des sentiments et celle de la raison sont complémentaires. Et toutes deux me sont indispensables. Ni la science ni l’art ne nous disent si telle ou telle décision est bonne ou mauvaise. De grand savants œuvrèrent au perfectionnement des armes. Et de grands tortionnaires étaient des mélomanes ou des amateurs d’art éclairés.

La musique n’adoucit pas forcément les mœurs. Dommage … Hubert Reeves »

Alors que la musique réveille les esprits, ceux-ci ne sont pas toujours de la bonne foi! Comme Hubert Reeves dit, c’est bien dommage.

Note2be : la notation des professeurs de retour en ligne

Voici une bonne nouvelle pour les amateurs de la liberté d’expression … surtout dans le milieu de l’Education. J’ai reçu aujourd’hui un message email qui me faisait comprendre que le site note2be revit encore. J’avais écrit sur ce site en février 2008 (lire ici).

Note2Be logoLe site affiche que, dans le mois de juin, la Justice allemande a validé la notation des professeurs en ligne par Spickmich, un site équivalent de note2be en Allemagne. Voici la nouvelle relayée par Netlex France et de CIDAL. Comme le dit l’article de CIDAL, « [l]a décision de la BGH [la Cour Allemande] ne s’applique pas à l’ensemble des portails d’évaluation en ligne, » donc ce n’est pas encore gagné pour tous. En tous cas, les sites semblables aux États-Unis continuent à marcher, tel que RateMyTeachers qui affiche maintenant 11 millions de notations (sur des écoles en GB, Irelande, Canada, Australie et NZ aussi) où RateMyProfessors qui a 8 millions de notations (+2 millions depuis fév 2008).

Je suis curieux de savoir si la communauté d’étudiants en France se sont (re-)mis à noter leurs professeurs avec ferveur… Note2Be affiche qu’il y a 165,000 inscrits. En tous cas, je l’espère! Et si jamais, je me retrouve devant des étudiants, j’en parlerai. Et puis, comme le fera l’Angleterre pour les médecins, je pense que ça serait une idée formidable pour la France de faire pareil ici. Un véritable « check up » voire révolution.  Si jamais ça se faisait, ça n’arrangera pas tout de suite la pénurie de médecins actuellement en France (selon Challenges Oct 22, 2009), plus de 600 postes de médecins généralistes sur 3300 offerts cette année sont restés vacants.

Qu’en dites vous sur la notation des professeurs et des médecins?

Le Chiffre Huit (8) – Un nombre préféré…

Mon chiffre préféré a toujours été le chiffre sept (7).

Mais, j’ai eu une sorte d’épiphanie aujourd’hui. Mon chiffre préféré pourrait devenir le huit (8), en tout cas en français. Pourquoi? Plusieurs raisons. Le chiffre huit, c’est l’infini en vertical. Le chiffre huit est deux fois le carré, quatre — le côté rationnel du 4 gagne en rondeur. Le 8 est un chiffre particulièrement agréable à écrire, rarement parfaitement.

Mais la raison principale, en français en tout cas, c’est parce que, dans le chiffre 8, c’est le son du oui qui prime. Oui-t, je peux. Oui-t, je veux.

Et puis, pour les bilingues, vous connaissez l’expression, « The World is my Oyster » ou, en français, « Le Monde est mon Huit-re. » (L’expression veut dire qu’il existe des belles opportunités sur terre).

Pour des explications plus approfondies, je vous livre les commentaires du Professeur Ian Stewart (traduit par moi en français).

« Le numéro 8 est généralement considéré comme un bon chiffre par les numérologistes. Le carré d’un nombre impair, moins un, est toujours un multiple de 8 (par exemple, 9 – 1 = 8, 25 – 1 = 8 x 3, 49 – 1 = 8 x 6), un fait qui peut être prouvé mathématiquement. Dans le mythe de Babylone, il y avait sept sphères plus d’un huitième royaume, les étoiles fixes, où les dieux vivaient. En conséquence, le 8 est souvent associé au paradis. Les musulmans croient qu’il y a sept enfers, mais qu’il y a huit paradis, ce qui signifie la miséricorde de Dieu. Dans le bouddhisme, 8 est un chiffre porte-bonheur, peut-être grâce aux huit pétales du lotus, une plante associée avec de la chance en Inde et un symbole bouddhiste favori.

« En Chine, tout comme le chiffre 7 détermine la vie d’une femme, le 8 détermine celle d’un homme. Un jeune garçon fait ses dents de lait, à huit mois, les perd à huit ans, atteint l’âge de la puberté à 2 x 8 = 16, et perd de sa virilité sexuelle à 8 x 8 = 64. Le I Ching, qui décrit un système de divination en utilisant les tiges de l’achillée, implique 64 = 8 x 8 configurations. » En anglais, je reste entièrement partial au 7. Mais bon, aujourd’hui j’ai eu du plaisir à écrire sur l’huit.

Une philosophie pour tous les temps

Soyons en phase avec le temps…

J’avais envie d’écrire un billet de ma philosophie sur le temps car j’ai une relation étroite avec lui. Puisqu’en français le mot « temps » désigne la notion des heures et des jours, mais aussi englobent le temps des orages et nuages, c’est un billet forcément en français.

ClockJe crois profondément que mon temps est limité à 24 heures par jour. C’est vrai au début de chaque jour pour moi — mais comme j’explique en bas, je suis peut-être plus le rythme de mon horloge interne. Ainsi, avec cette responsabilisation, je tente avec chaque jour d’accomplir ce que j’avais prévu de faire pour finir chaque semaine en évitant de dire « je n’ai pas eu le temps » de faire telle ou telle chose. Bien sûr, il y a des jours où les heures s’échappent ou des imprévus corrompent le planning initial. Mais, en évoquant un de mes livres fétiches sur le sujet, L’Art du Temps (ou bien Le Nouvel Art du Temps) par Jean-Louis Seran-Schreiber, il s’agit de ne pas subir la contrainte des 24 heures, mais de les assumer pleinement. J’ai tendance à me juger à la fin de la semaine plutôt que tous les jours, car sinon, ça donnerait quel type de vie au quotidien? Et dans la liste de choses à faire, il faut toujours y mettre « à ne rien faire » (comme les italiens disent, il dolce far niente) de temps en temps.

Et puis du temps de la cloche, je passe au temps du ciel qui cloche. Peut-être parce que j’étais élevé en Angleterre, j’ai appris à ne pas laisser mon humeur s’emporter par le temps (ni par le vent). Le temps–qu’il soit prévisible ou totalement loupé par la météo–a certainement une influence sur le choix de nos habilles ; a un impact sur les activités extérieures ; et produit des effets et des images spectaculaires qui peuvent et doivent étonner. Cependant, au quotidien, il n’est pas question de subir le temps. S’il pleut, ça ne change strictement rien de se plaindre. Alors, vivons avec. Et quand il y a du soleil, profitez-en.

Il est vrai que les personnes vivant dans les pays du monde qui n’ont pas les quatre saisons ont une toute autre relation avec le temps (météo et heure) que nous en Europe. Est-ce lié? Possible, car nous savons que notre journée (et par conséquence notre horloge interne) est réglé par la lumière. Cependant, d’où qu’on vienne, notre horloge interne est basé en moyenne sur une journée de 24.2 heures au lieu de 24 heures pile (voir papier de Douglas Recherche ou Gazette Labo entre autres) ; ce qui veut dire, si nous n’avions ni montre ni d’accès au soleil (les synchroniseurs de notre temps), nous aurions un retard d’une heure tous les 5 jours.

Pour ce qui est de ma relation étroite avec le temps, et comme ma belle-mère m’a décrit une fois, je suis une bouteille de 750ml remplie d’un litre. Autrement dit, j’habite deux heures de plus dans chaque journée — toujours à la recherche de ces 0.2 heures par jour. C’est bien pour ça que je me lève avec les premières lumières (ou même avant en hiver) pour profiter dans la tranquillité de ma journée.

Alors, on voit bien que le temps et le temps (du moins la lumière) sont liés. Donc, dans les deux cas, je cherche à apprivoiser ma relation avec le temps. Le temps est ce qu’il est. Le choix que nous avons, c’est comment agir et être avec. Que le temps fasse moche ou cloche, le temps court. Donc, ne temporisez pas. Profitez-en pleinement.

Alors, c’est une philosophie de vie que je voulais vous livrer aujourd’hui: ne subissons pas le temps, mais soyons en phase avec.

Jacqueline de Romilly – À la recherche de la vraie Éducation

Jacqueline de Romilly: « Il y a un divorce entre enseignement intellectuel et formation morale »

Le Figaro – 29 oct. 2008

«Enseignement » et « éducation » sont deux mots presque synonymes qui pourraient s’employer l’un pour l’autre. Il existe cependant entre eux une légère nuance de sens: l’enseignement désigne avant tout la transmission des connaissances intellectuelles…lisez plus…

Dans cet article ci-dessus du Figaro du 29 octobre 2008, ils ont publié le discours de Jacqueline de Romilly sur l’état de l’enseignement et de l’éducation en France.

L’enseignement est un sujet qui me tient à cœur personnellement et professionnellement. Dans un billet précédant voisinant le sujet du discours de Mme. de Romilly, j’ai écrit sur le sujet de la différence entre l’éducation et la formation (‘training’ en anglais). [J’ai aussi noté l’existence (et décès) de Note2be RIP].

Alors que l’enseignement concerne la transmission et apprentissage des connaissances intellectuelles, Mme. de Romilly met l’appui sur l’importance de l’éducation. Elle déplore le manque au niveau de l’éducation qui comprend la transmission des valeurs. « L’éducation…désigne le fait de mener un être à l’accomplissement de ses qualités propres ; pour l’homme, ces qualités humaines concernent l’esprit, le caractère et l’aptitude à la vie en société. » Elle cite trois grands problèmes dans l’éducation française: (1) l’affaiblissement de la connaissance de la langue qui nuit à la capacité de communiquer [avec risque de tendre vers la violence]; (2) les lacunes au niveau de l’histoire et donc de son passé et de sa culture; et (3) le manque au niveau de la lecture de la littérature qui permet « la formation de l’homme » à travers des idées, images et personnages iconiques.

Un point essentiel est que l’éducation des enfants commence à la maison. Par exemple, la communication en famille autour d’une table permet de nouer les liens, raconter des histoires et, par la même occasion, l’histoire de la famille. Mais, aujourd’hui, avec la poursuite du temps, les familles rompues et le stress du travail, la transmission des valeurs et de l’histoire et le partage du temps libre sont des denrées rares pour un enfant. Par ailleurs, je sais que le philosophe Luc Ferry m’appuierait pour dire que la passion pour — et la lecture des — grandes classiques, dans lesquels on trouve des vraies leçons de la vie, serait indispensable pour l’éducation d’un jeune. En fait, le plus important pour un enfant, c’est de développer une ou des passions. À travers cette passion, on cultive sa curiosité, on apprend, on se connecte et, au final, on donne du sens à notre vie.

Arrondissant la notion de l’éducation de l’être, en dehors de l’Académie, je suis un fervent pour le coté éducatif du sport: comment travailler en équipe, être un leader, faire face aux difficultés physiques, savoir gagner et perdre avec grâce. Bien sûr, les sports ne sont pas tous égaux dans la transmission de ces valeurs et ne sont pas forcément pour tous. Mais, pour beaucoup, le sport est également une échappatoire qui permet de canaliser son énergie. Dans un autre domaine, je crois profondément à l’importance du théâtre et de la danse. Le fait d’avoir fait du théâtre (j’ai joué dans une dizaine de pièces) était très formateur pour moi — ça demande un travail sur soi, vous ouvre à la diversité des personnalités, et exerce vos talents de communication et sur votre présence sur scène. En Angleterre et à l’université aux États-Unis, j’ai aussi beaucoup apprécié l’art du débat–un environnement qui aiguise ses talents dans la défense de ses idées, la communication en public ainsi que la compétition.

Ce qui m’a frappé dans l’article de Mme. de Romilly est, en quelque sorte, la similarité de ce qu’elle décrit avec l’état de l’éducation — pour ainsi dire la société — aux États-Unis. Mme. de Romilly ne cite pas l’influence de l’internet. Et pour cause, ce n’est qu’un outil et n’est pas à la racine du problème. Mais elle aurait pu étendre ses propos en parlant du manque d’attention des enfants, distraits par le monde hyper-visuel en ligne, les jeux addictifs, le chat sans sens profond, etc. Outre-atlantique, un livre est sorti cet été aux États-Unis qui s’appelle « Why We Hate Us » (« Pourquoi nous nous détestons » et disponible sur Amazon.fr ici) par Dick Meyer. Dans un sens similaire, mais d’un angle totalement différent, le livre de M. Meyer parle du manque d’intérêt que portent les Américains vis-à-vis des uns et des autres. Pour M. Meyer, il ne s’agit pas de détester comme haïr, mais détester comme « ça fait ch***. » L’ennui que provoque la conversation dans les dîners suburbains aux États-Unis, dit M. Meyer, envoie un certain nombre des américains vers la solitude, l’isolement. Le dialogue, la conversation sont trop déshumanisés. Beaucoup d’entre eux sont déçus par le manque de culture, le manque de profondeur, les platitudes–et disons le, les conséquences du devoir permanent du « politiquement correct. » Les Américains, écrit-il, tournent naturellement vers l’internet pour trouver de l’interaction avec d’autres qui partage une vraie passion, qui sont présents à tout moment dans les réseaux de médias sociaux. Les nouvelles technologies facilitent cette interaction (pas nécessairement profonde) et permettent de retrouver d’autres passionnés autour du même sujet. Est-ce
que le même phénomène serait en train de se passer en France?

Avec du recul sur les propos de Mme. de Romilly, je dirais que l’enseignement en France se focalise trop sur l’académie de façon générale et devrait intégrer plus « d’éducation » et de la culture, comme du sport, du théâtre, et même du débat. Dans l’emphase sur les matières qui favorisent le coté gauche du cerveau, l’enseignement français est bancal et donne encore moins de chance aux enfants d’arriver à l’éducation dont parle Mme. de Romilly. Si Mme. de Romilly et M. Meyer parlent de valeurs à l’ancienne et que certains considèrent comme étant ringardes et conservatrices, elles sont selon moi des valeurs importantes et atemporelles et et qui peuvent — dans certains cercles au moins — foisonner des cotés de l’Atlantique (et bien sûr de la Manche aussi).

D’autres blogs sur l’article de Mme. Jacqueline de Romilly:
Le Salon Beige
Veille Education

Des blogs (en anglais) sur ce dernier livre « Why We Hate Us » élabore bien le propos de M. Meyer:
Page 99 Test
Campaign for the American Reader

Quelques pensées sur L’Elégance du Hérisson

Hérisson ElegantQuelques pensées sur L'Elégance du HérissonL’Elégance du Hérisson – Un billet écrit par Yendi

Muriel Barbery a écrit un roman à succès « L’élégance du hérisson, » aux éditions Gallimard. Je l’ai lu grâce à ma kiné, une jeune femme Charlotte qui a avoué n’être pas entrée dans les pensées profondes du livre.
Moi si. Voici deux de mes pensées profondes à partir de celles de l’auteur.

Pensée profonde numéro 3
« Les forts chez les humains ne font rien. Ils parlent. Parlent encore ».

Comme c’est vrai. Les hommes vivent dans un monde où ce sont souvent les mots et non les actes qui ont du pouvoir, où la compétence ultime est la maîtrise du langage. La verbalité est un signe d’intelligence, le plus évident et parfois le plus apprécié. Je le vois à l’école jeune, très tôt, l’éloquence est une supériorité, parfois décisive dans le cours des études et des portes ouvertes.

Pensée profonde numéro 8
« Il faut vivre avec la certitude que nous vieillirons et que ce ne sera pas beau, pas gai et se dire que c’est maintenant qui importe, construire maintenant quelque chose à tout prix, de toutes ses forces. Gravir pas à pas son Everest à soi et le faire de sorte que chaque pas soit un peu d’éternité. Le futur ça sert à ça: construire le présent avec des vrais projets de vivants. »

Comme c’est vrai, comme c’est fort et beau. Malgré tout, c’est toujours trop peu et un peu trop tard. On s’est connu trop tard, toute une vie trop tard, ami de nulle part, passager de la pluie. (Paroles: Sébastien Japrisot. Musique: Francis Lai 1968 Interprète Nicole Croisille). Et tellement vrai pour notre concierge.

Pluie d’été. Le livre a d’ailleurs un corps de chapitres intitulé « Pluie d’été. » Et ce n’est pas pour rien.

Dans l’imaginaire humain, dans son « subconscient », l’arrivée du grand Amour (ou plutôt du grand désir, celui qui prend le corps entier, et donc le sexe) commence toujours par une pluie d’été, grand pouvoir symbolique d’un début de Vie, comme si l’inconscient humain collectif ancrait le début de la vie à l’eau et la chaleur, la pluie d’été. Pour notre concierge, cette pluie d’été finit sa brève passion amoureuse, l’apogée est déjà la fin.

Ce livre je l’ai lu grâce à Charlotte et je publie le blog pour Isabelle une autre jeune femme que j’ai rencontrée lors de notre voyage en Haute Egypte. Oui la vie est injuste. Notre concierge a à peine eu une porte entrouverte de quelques millimètres de bonheur. N’oublie pas, elle n’a que l’élégance du hérisson, ça ne pouvait pas finir autrement, notre concierge est socialement et esthétiquement condamnée et hérissée.

La vie est injuste pour beaucoup. Pour tous, la vie est faite de rencontres, d’émotions (comme celles de la haute Egypte face à 5000 ans de nous) mais aussi pour certains d’élégance – aujourd’hui c’est celle du hérisson.

Au tour du changement

Pendant beaucoup de temps, j’avais attaché à la fin de mes emails la petite quotation d’un bon copain: « Le changement est garanti. De s’en nourrir reste l’option. » Dans les Enjeux de ce mois, j’ai trouvé dans la section « Mots Croisés », des quotations autour du changement dont je vous en fais part de quelques unes. Ma favorie, la dernière, est en gras.

  • « Lorsqu’on veut changer les moeurs et les manières, il ne faut pas les changer par les lois.  » –Montesquieu
  • « C’est une question de propreté: il faut changer d’avis, comme de chemise. » –Jules Renard
  • « On ne devient pas un autre homme. Mais en nous et autour de nous, tout change. » – Félicien Marceau
  • « Mes seuls changements sont dans les nuances comme celles qui animent la gorge d’un pigeon.
    Au reste, je me suis chanté ainsi
    Les jours s’en vont, je demeure
    Et je ne change point si on ne me fait pas changer. »
    Guillaume Apollinaire, Lettres à Madeleine.
  • « Les hommes qui ont changé l’univers n’y sont jamais parvenus en gagnant des chefs; mais toujours en remuant les masses. » – Napoléon.
  • « Tout ce que je demande aux politiques, c’est qu’ils se contentent de changer le monde, sans commencer par changer la vérité. » -Jean Paulhan, De la paille et du grain.

Et vous? Laquelle vous préférez?