Animée par Nicolas Prissette, du Journal du Dimanche, j’ai assisté à cette conference-débat, « Quand l’écran brouille les images, » lors de l’Université d’Été 2010 du MEDEF, sur des sujets très vastes autour de l’internet, la dématérialisation du monde, le poids de l’image… Voici la deuxième partie du résumé (première partie avec présentation des autres participants) des points clés qui m’ont le plus frappés, avec quelques commentaires à moi en couleur.
Pascal Froissart, Maitre de Conference a l’Universite Paris 8. Malgré les consignes officielles, Professeur Froissart est arrivé à convaincre le MEDEF de passer une presentation PowerPoint car, si le titre de la conférence débat était autour de l’image, il voulait en faire passer sur l’écran (bien vu!).
Parmi les messages que Professeur Froissart a passé, il a parlé du nombre croissant de canulars montés avec des visuels truqués, et qui sont partagés et propagés à travers l’internet en erreur. Il a parlé de plusieurs cas, dont je cite trois:
1/ « Would you have invested? » La photo de l’équipe ‘éxecutive » de Microsoft, prise en 1978 qui a été balisée à travers le net avec dérision et un sous-titre « Auriez-vous investi? » ; et qui, dans un esprit de co-conspiration, a été reprise et réactualisée par Microsoft officiellement en 2008 avec tous les mêmes acteurs. (Vous trouverez la nouvelle version en bas ici). Le point MD: une vraie photo et une accroche qui tue. Moral de l’histoire: mieux vaut en rire comme l’a fait MSFT.
2/ WTC Tourist Guy. Une photo d’un touriste supposée être prise en haut des tours juste au moment de l’arrivée de l’avion du jour fatidique (11 septembre). Profitant ce canular, ils ont lancé un site: Touristofdeath.com, et ils ont repéré 1400 parodies d’image dites « copycat ». En vrai, il s’agissait d’un touriste hongrois et la photo datait de 1997. Le point MD: Aucun sujet n’est à l’abri.
3/ Professeur Kuing Yamang sur Youtube (2010), un entretien d’un professeur chinois de grand renommé — qui a eu 1.1 million vues sur Youtube — où le sous-titrage est totalement fantastique — inventé par un certain Yann C., un bloggeur français libéral. Il s’agit, en fait, d’un vrai entretien de l’ancien ambassadeur de Chine en France, Qu Jianmin, parlant de l’Exposition Universelle de Shanghai. Voici un recap sur ce canular. Le point MD: J’étais pris dans le piège moi-même. Avant de partager quoi que ça soit, il faut bien vérifier ces sources — on peut se tromper facilement. Comme l’a indiqué le professeur Froissart, les images rumorales ressemble aux rumeurs textuelles. Il faut laisser un peu de temps pour que la vérité sorte.
Xavier Couture, Directeur des contenus chez Orange.
M Couture a commencé par citer Mark Zuckerberg, le jeune CEO de Facebook, soulevant la reponse de celui-ci par rapport à la protection de données personnelles: « la confidentialité est une notion obsolète. » D’autres perles: Nous sommes face à une multiplication et multiplicité d’écrans. L’internet gomme la frontière entre la vie personnelle et professionnelle, qui représente un retour en arrière vers un temps ancien où, il y a cent ans, l’épicier vivait au dessus de son magasin. Le point MD: je ne peux qu’être d’accord sur ce gommage entre la vie personnelle et professionnelle. Le challenge pour les entreprises est comment accepter cette nouvelle réalité aussi bien vis-à-vis les attentes de ses consommateurs et la gestion des employés.
M Couture a dit que « l’internet est un peu comme le monde de la finance, il n’y a pas de règles. » Et, il a raison de dire qu’on ne peut pas administrer le flux entre l’organisation et l’internaute. M Couture parlait de « la chance formidable » que représente l’Internet, tout en soulignant les risques et dangers. Je paraphrase ce qu’il a dit: « Comme dans les sites barbares, on crée d’autres communautés qui nous protègent et qui favorise le clonage et d’insignifiance… » et il a cité, en particulier, l’aspect insignifiant de Foursquare. Plus tard dans le débat, M Couture a dit que « l’exemple est insignifiant car on y trouve tout! » Le point MD: L’état d’esprit qu’on a face à ces dangers conditionnera forcement sa réponse. Si on appréhende davantage les risques et les dangers, c’est évident qu’on arrivera pas à « aimer » ces initiatives dites « insignifiantes. » Et si tout exemple est insignifiant, j’ai aussi envie de signaler que tout chiffre peut être mal interprété également.
M Couture a poursuivi en disant que, parmi les grands enjeux, « c’est d’inspirer le comportement de la découverte — la curiosité et l’ouverture — et le touriste numérique. » Le point MD: à combien l’Internet peut être rendu responsable d’un manque de curiosité? Si on a à développer l’esprit de curiosité, je pense plutôt aux rôles des parents, des écoles et de la société au large. L’internet n’est qu’une média. Et, le tourisme tout comme le voyeurisme resteront des activités naturellement numérique parce qu’elles existent en vrai.
En introduisant une partie « débat » et interactive avec l’audience, Nicolas Prissette (animateur et journaliste), avait besoin visiblement de prêcher pour sa paroisse. Alors que la média est considérée comme assimilée à une élite, avec un parti pris trop connoté, Nicolas Prissette continue à penser « que les tweets des journalistes « attitrés » sont les plus retweetés… » Le point MD: J’en suis fortement dubitatif de ce dernier postulat. Il souffre, à mon avis, du syndrome des médias mainstream.
M Prissette a évoqué la « relative faiblesse du débat politique — et un manque de différence dans les discours politiques mis à part quelques sujets symboliques. » Froissart a aussi dit que « le buzz sur le net est efficient mais n’est pas efficace… et que [le buzz] n’existe pas en absence des médias traditionnelles. » Il a parlé de Facebook en disant que c’est « un outil minoritaire ». M Prissette tenait également à mettre en avant le trafic sur figaro.fr et lemonde.fr. Le point MD: Enfin, bon! Si le débat politique aujourd’hui est vicié, je pense que les médias classiques en sont pour quelque chose dans cette situation. L’internet permet un tout nouveau type de débat cross-frontalier. Le challenge est que ce débat est très diffus, et certainement une transition dans les médias classiques permet une plus grande diffusion et concentration. Par rapport à cet outil ‘anecdotique’ de Facebook, je n’étais pas le seul à trouver ses propos décalés.
Selon Quester-Séméon (animatrice du blog MemoireVive.tv), qui me semblait être — avec peut être Samuel Morillon, DG de Cybion — la seule à vraiment prendre position, a dit que « [l]e Franco-français continue a avoir peur de la nouvelle technologie… Le plus grand journal au Brésil a arrêté la version papier. (MD: Il s’agit du Journal Do Brasil).. Il faut apprendre à accepter l’erreur — ce qui reste pas très français. »
Un sujet récurrent du débat était la place des écoles dans la manière d’appréhender l’internet. La Ministre NKM a dit, avec raison, que « les professeurs à l’école sont un des plus grands freins. » Le point MD: Franchement, le terme du mammouth prend toute son ampleur quant à l’internet.
Quelques points de conclusion:
Malheureusement, le sujet du net neutralité n’était que frôlé à un moment… alors que c’est un vrai sujet de débat et qu’Orange (qui vient de prendre 11% du capital de Deezer, le leader français de la musique en ligne) et NKM étaient dans la salle ensemble. Le sujet devrait prendre sa place à la une cette rentrée et Orange sera pleinement concerné.
Un des éléments manquants de cette conférence dite tournée vers l’Innovation, c’est qu’il y manquait en innovation dans la forme. J’aurais bien vu mettre en place un stream Twitter (#uemedef) sur les bords des scènes, visible pour tous. Cela aurait vraiment marqué les esprits et peut être incité plus de débat. Si Twitter peut prendre sa place dans le business, c’est bien comme animateur de contenu en live sur scène.
Ce qui m’a frappé tout au long de cette conférence Université d’Éte 2010 du MEDEF, c’était le peu de fois j’ai entendu du vrai débat. A l’instar des commentaires de Natacha Questser-Séméon qui s’est permise de rétorquer librement (comme on aime faire sur les blogs), j’aurais voulu voir plus de vrai débat. Dans les conférences on peine terriblement de faire avancer véritablement les agendas car il n’y a pas de responsabilisation ni de plan d’action engagé sur aucun des propos. Au total, ça reste un très bel événement de networking et un moment de réflexion.
En tout cas, je vous incite à apporter vos commentaires ici si cela vous tente, en démontrant l’intérêt du net comme un terrain de débat vif!
Et, j’ai une petite devinette ici aussi!
Ping : Devinette: Quand l’écran brouille les images (part III) – Universite d’Ete 2010 « Minter Dialogue en français
Ping : The Buffalo Bill Dam on the Shoshoni River at Cody, Wyoming….