Risques et Résilience : Le Parcours Inspirant de Brigitte Boussuat (MDF161)

Minter Dialogue avec Brigitte Boussuat

Dans cet épisode, je m’entretiens avec Brigitte Boussuat, une amie de longue date et une alliée indispensable quand j’étais chez L’Oréal. Nous explorons son extraordinaire traversée en solitaire de l’Atlantique en 1985, une expérience qu’elle a récemment partagée dans son livre « La Folle de Bassan ». Brigitte partage ses réflexions sur la connaissance de soi, la résilience et l’importance de prendre des risques dans la vie. Nous discutons également de son travail actuel sur la méthode DISC 4Colors et sa communauté Know Futures. À travers notre conversation, Brigitte offre des perspectives profondes sur la connexion avec la nature, la gestion du temps et l’impact durable des expériences de vie transformatrices.

Merci de m’envoyer vos questions par email — en tant que fichier audio si vous le souhaitez — à nminterdial@gmail.com. Sinon, en dessous, vous trouverez tous les liens pour un suivi du podcast. Vous êtes bien entendu invité à déposer un message ou à le partager. Si vous pouvez, merci d’aller déposer une revue sur Apple Podcasts pour le noter.

Pour joindre Brigitte Boussuat

Les sites et personnes cités lors de l’entretien:

  • Johann Hari — Lost Connections (qu’en anglais)
  • Et tout le monde s’en fout et les émotions (video)

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  • Crédits pour la musique : Le morceau au début est grâce à mon ami Pierre Journel, auteur de La Chaîne Guitare. J’ai également une chanson que j’ai co-écrite avec mon amie à New York, Stephanie Singer: « A Convinced Man. » Celle-ci a été écrite et enregistrée dans les années 1980 (d’où la qualité dégradée de mon enregistrement).

    Transcription de la conversation par Flowsend.ai

    Minter Dial : Brigitte Boussuat. Je ne sais pas combien d’années on se connaît, mais ça a l’air d’être toute une vie. Enfin, on a traversé plein de choses en commun chez L’Oréal quand j’y étais. Toi, tu nous soutenais, tu m’aidais. Et puis, on a fait plein de choses ensemble. J’ai toujours eu plaisir avec ton joli sourire et tes belles couleurs. Alors, on va commencer par la question toute simple. Qui est Brigitte Boussuat ?

    Brigitte Boussuat :  Alors, ça c’est une question, c’est à peu près la plus dure, j’espère qu’elles seront plus faciles, les collègues suivants seront plus faciles. Je demande souvent aux gens de se décrire qui ils sont et en fait souvent ils me décrivent ce qu’ils font. Donc si je reste bien centrée sur ce que tu me dis, je dirais que je suis quelqu’un de, comment dire, d’orienter vers les autres, orienter vers l’humain. J’ai des rêves, des projets et j’aime les partager. Qui je suis ? Quelqu’un de pleine d’énergie aussi et qui aime faire face à des défis et des défis qui sont collectifs. Moi, je suis une collective.

    Minter Dial : Nous allons en discuter de ce mot collectif dans un instant, je suis certain. Mais ça me rappelait un sondage que j’ai vu, parce qu’en France, avec la loi Pacte, on parle de la raison d’être des entreprises, et pour 53 en France, 53% des entreprises, il me semble, c’était le chiffre, 53% disent que la raison d’être, c’est leur savoir-faire. On se définit à part de ce qu’on fait. Évidemment il faut savoir faire.

    Brigitte Boussuat :  Oui, c’est mieux, parce que sans ça tu ne peux pas survivre dans ce monde, en tout cas à titre professionnel. Mais ce que l’on regarde, l’horizon qu’on regarde, le sens qu’on donne à la vie, le sens qu’on donne au rapport, Les gens avec qui on travaille, pour moi, il est essentiel, après tout le reste vient et vient facilement parce qu’il apporte en plus l’énergie, la vision collective, toute cette vision partagée, etc. Donc pour moi, oui, je le place en 1 et j’ai cette chance extraordinaire de travailler avec des gens avec qui je partage ces valeurs. Pour moi, c’est un cadeau dans la vie qui est fabuleux, quand tu es aligné à ce point avec des gens qui, même à niveau professionnel, ce sont des amis. Ça crée une fluidité dans les relations parce qu’on regarde tous dans le même sens.

    Minter Dial : Cette notion de même dans le travail, enfin quelque part c’est quelque chose qui a toujours été le sujet, c’est d’arriver à avoir du sens dans ce qu’on fait au travail, avec les gens avec lesquels on bosse au travail, combien même on est différent, on peut avoir des états d’âme différents et tout, mais comme on bosse souvent beaucoup, c’est quand même dingue qu’on n’imagine pas qu’il faut avoir un sens réel, profond et personnel au travail.

    Brigitte Boussuat :  Ça, en plus, c’est dit et c’est redit. Simon Sinek, ça fait quand même pas mal de temps, la référence. Sauf que je trouve que bien souvent, les entreprises évoquent le sens, la vision, les valeurs, mais en même temps, je trouve que souvent, c’est bien vide de sens. Ça devient des affiches, ça devient des communications sur les sites pour les clients, mais c’est vide. Souvent, c’est très vide.

    Minter Dial : On a du Y-washing. le pourquoi, enfin moi j’ai connu à Simon Sinek personnellement au Canada quand j’y venais et donc on avait partagé sur cette histoire du pourquoi et c’est pourquoi ma première société en sortant de L’Oréal avait un Y dedans, c’était Mindset avec un Y, parce que l’Y c’est le why. Mais dans ton livre que tu as édité juste récemment, La Folle de Bassan pour ceux qui que j’ai à côté de moi, j’ai chéri en le lisant souvent le soir, et c’est tout un voyage dont on Fou de Bassan le bateau, tu as écrit ce livre, et tu l’as édité tout récemment, mais tu l’as expérimenté en 1985. Donc c’est une histoire extraordinaire. On va en parler un peu, mais j’invite tout le monde qui écoute d’aller chercher le livre pour connaître vraiment l’histoire. Mais comment et pourquoi est-ce que tu as mis quelques décennies pour t’embarquer à écrire cette histoire en 1985, incroyable, solitaire, à travers l’Atlantique ?

    Brigitte Boussuat :  Je crois qu’il y a beaucoup de choses pour lesquelles il faut du temps pour digérer. On le sait, même dans les affaires judiciaires, il y a des choses qui reviennent, tu crois que tu les as digérées et puis tu ne les as pas digérées. Et puis il y avait cette idée aussi de dire, si je laissais une trace, mais c’était plus une trace pour ma famille et aussi pour mon petit-fils. Et puis, tout ça, c’était comme souvent dans un projet. En fait, tu as des briques, c’est comme des puzzles. Il y a plein de pièces, ça se balade un peu partout. Puis à un moment, il y a un truc qui fait que c’est le bon moment. Je crois beaucoup à ça parce que j’ai plein de projets partout. Puis à un moment, le projet peut naître parce qu’il y a un déclencheur. Et moi, le déclencheur a été simple. C’est que je me suis retrouvée. C’était pendant le Covid. Sur un des seuls pays qui accueillait encore, c’était le Cap-Vert. On pouvait encore voyager au Cap-Vert. Et donc je me suis retrouvée au Cap Vert, qui est à Mindélo précisément, qui fut mon vrai point de départ de la traversée, puisqu’en fait c’était Mindélo-La Barbade, enfin Mindélo est de l’autre côté, donc là pour le coup c’était la vraie traversée de l’Atlantique en solitaire, donc je partais sans assistance, sans radio, et toute seule sur mon petit bateau. Et je me suis retrouvée en fait, 35 ans plus tard, Au même endroit, exactement au même endroit, avec Amin Dello qui a terriblement changé, qui est devenue une grande ville. La marina avec plein de bateaux alors que quand j’y étais il y avait cinq bateaux plaisanciers dans Amin Dello. Et j’ai eu une émotion juste incroyable. Donc je me suis demandé pourquoi j’avais fait ça.

    Minter Dial : Est-ce que c’est au Cap Vert qu’il y avait tous ces écrits sur le mur ? On se souvient qu’il y avait un endroit où tu as retrouvé les gens qui peignaient leurs noms sur le mur ?

    Brigitte Boussuat :  Ça, c’était à Madère. À Madère, la tradition, c’est que les bateaux qui descendent à Madère et qui vont traverser font un dessin sur la jetée. J’ai trouvé des dessins qui dataient de 32 ans, 33, 34, mais il n’y en avait plus qui dataient de 35 ans. Donc, je n’ai pas retrouvé les traces du dessin que j’avais fait. En tout cas, il y a cette idée quelquefois de revisiter un peu, de se demander pourquoi on fait les choses. Et donc, si tu me demandes aussi simplement « mais pourquoi tu l’as fait ? », je ne saurais pas l’expliquer aussi simplement ça, parce que c’est multifactoriel et que, en tout cas, je ne crois pas au hasard, tout était placé pour que je le fasse, voilà, y compris l’opportunité.

    Minter Dial : Alors, j’ai entendu l’émotion. J’ai envie de demander, tu as parlé du besoin de collectif alors qu’un voyage solitaire.

    Brigitte Boussuat :  Oui. Alors, tu sais, c’est quand on se retrouve seul qu’on sait à quel point les autres nous sont essentiels, déjà. Et beaucoup de solitaires ne sont pas des vrais solitaires. C’est-à-dire, le challenge du solitaire, c’est qu’il n’a pas le choix. Il doit être intelligent parce qu’il doit résoudre tout. Enfin, moi, en plus, je n’avais aucune assistance. Donc, ça veut dire que tu es obligé de trouver des solutions par toi-même. Donc, c’est un défi. à trouver des solutions, à mobiliser ton cerveau au maximum. C’est un défi que tu te poses à toi-même. Pourquoi Solitaire ? Au départ, ce n’était pas forcément le choix. Tout comme sans assistance et sans radio, ce n’était pas des choix. C’est au fur et à mesure que le projet s’est construit, j’ai pas pu ou je l’annulais ou j’y allais comme ça. Et mon premier projet, c’était de le faire avec une équipe de copines. J’avais trouvé ça chouette comme idée, mais je n’ai pas réussi à convaincre mes copines de pouvoir partir là-dessus. Donc, je me suis dit, au moins, je vais faire quelque chose qui ne dépend que de moi et que de ma volonté. Donc, je suis partie toute seule. Ce n’était pas un choix de départ.

    Minter Dial : Et dans un voyage solitaire, tu parles pas mal de la rencontre de toi. car tu es seul avec toi, la connaissance de soi, tu parles de comment c’est quand même tout un chemin de vie de se connaître. On n’est pas encore terminé. Et tu parles beaucoup de ce cadeau, j’ai envie de dire, qui est d’arriver à avoir de la confiance en soi. Combien est-ce qu’est attachée la connaissance de soi et la confiance en soi?

    Brigitte Boussuat :  La relation entre les deux, pour moi, je serais tentée de dire, tu me demandes combien, donc il faudrait que je te donne un chiffre, je mettrais 100 à 100. Sauf que la connaissance de soi, quelquefois, donc je n’ai pas expliqué au lecteur mon métier, mon métier c’est de travailler justement sur la connaissance de soi, la confiance en soi, qui génère de l’agilité. notre capacité à être flexible et à pouvoir nous adapter aux autres et dans un monde en changement. Donc je ne peux m’appuyer que sur moi, si je veux déporter. Je donne souvent un exemple, je dis mettez-vous debout, écartez un petit peu les jambes, et voyez l’adaptation c’est quoi ? C’est de se déporter de son axe, mais tout en restant soi-même. L’axe c’est soi-même. Quelqu’un qui ne se connaît pas beaucoup en fait, comme son axe est tout petit, tu lui demandes de déportés, ils tombent. Donc il faut avoir un socle important pour être capable à un moment de naviguer sur cet axe. Et donc pour moi c’est la connaissance de soi. Le seul truc c’est que, et quelquefois j’ai des stagiaires qui me disaient à l’époque, ils me disaient non mais moi des séminaires j’en ai déjà fait, je me connais. Et je me dis mais les pauvres, non tu peux pas te connaître, c’est jusqu’au dernier jour où on ferme la boîte que tu dois te surprendre. Parce que ton cerveau il est en évolution, donc ton cerveau doit être capable de te créer des surprises, même dans la gestion de l’âge, la gestion des relations avec les autres, la gestion de ton corps aussi, jusqu’au bout avec les épreuves de l’âge. Tu dois pouvoir encore te surprendre, en tout cas moi je passe mon temps à me surprendre, donc je suis contente.

    Minter Dial : J’utilise le mot la flexibilité, j’ai envie de le remplacer, enfin c’est pour provoquer, avec la résilience.

    Brigitte Boussuat :  Oui, bien sûr, elle est complètement dedans. On avait une année, on avait écrit un bouquin, parce que j’en ai écrit des paquets, mais un bouquin sur la résilience en elle-même. Et donc il y a une courbe qu’on connaît très bien, la courbe de Kubler-Ross, qui montre au moment où on te donne un choc et puis ensuite tu vas tomber dans une courbe de deuil, t’es triste, t’es en colère, t’as plus d’énergie, puis au fur et à mesure tu vas remonter. Et on a eu l’occasion d’encontrer des gens absolument incroyables et merveilleux parce que dans mon réseau, quand je leur ai proposé d’écrire un livre à 27, c’était un vrai défi, et ils m’ont dit mais on n’est pas légitime sur la résilience. Je leur ai dit si vous n’êtes pas légitime, allez voir des gens qui le sont. Et là, on est tombé sur une championne de France de canoë qui a perdu ses jambes du jour au lendemain, fauchée par un bus. Un Hutu qui a vu son père se faire émasculer et tuer devant lui. Enfin bon, tous les gens qui ont vécu des trucs juste incroyables. Les chefs d’entreprise qui ont vu leurs boîtes fermées, tout ça. Voilà, donc on a pris différentes… différentes notions et pour moi la résilience en fait effectivement, alors il y a aussi une phrase qui dit ce qui ne te tue pas te renforce, mais dans cette idée pour moi tu ne sors pas au même niveau après un choc, tu sors à un niveau supérieur parce que tu as une force justement qui te permet en fait d’appuyer les mêmes, cette confiance en soi va se trouver complètement renforcée. Donc pour moi tu sors dans les chocs de la vie, Je m’efforce en tout cas de sortir par le haut, de sortir plus haut, plus enrichi. Parce que tout ça, ça dépend en fait du regard que tu portes sur les situations. Et la plupart du temps, les gens pensent que c’est la situation en elle-même qui fabrique leur posture. Non, c’est ton regard face à une situation. Or, si tu penses que c’est ton regard, tu as le pouvoir de changer d’angle. Je vais te donner des exemples simples. Tu sais que j’ai perdu mon mari il y a 7 ans. Donc il est mort, il avait 67 ans. C’est très triste. Donc tout le monde dit « il est mort si jeune ». Mais on partageait avec mon mari d’avoir pleinement vécu la vie et de dire « c’est la vie, c’est la vie, de toute façon tout le monde finit ». Donc où tu prends ça comme t’es une pauvre victime, t’as pas de chance, ton mari est parti, ou bien tu dis, je vais réinventer un autre morceau de vie, une manière de m’adapter. Et donc, à partir du moment où t’es pas une victime ou tu te penses pas une victime, t’y réagis positivement en ouvrant grand tes yeux pour pouvoir réinventer quelque chose. Et moi je vois le nombre de personnes qui sont affectées, je le comprends parce que je suis pleine d’empathie, et ça n’empêche pas d’aimer les gens et d’avoir aussi de la tristesse, etc. De la colère. Voilà, de la colère et tout ce qu’on a évoqué, mais en même temps, le changement de posture de dire « j’ai le pouvoir en fait d’orienter mon cerveau là où je veux. Comme je travaille beaucoup sur les neurosciences, il y a quelques éléments clés. On ne peut penser qu’une chose à la fois. Donc par exemple, si tu penses que tu es malheureux, tu ne vois pas qu’il y a quand même aussi des moments où tu es heureux. Mais tu peux aussi piloter si on pense qu’une seule chose à la fois, les méditants, c’est ce qu’ils font aussi, orienter ses pensées et ensuite canaliser ses pensées. Et ça, je pense que c’est une clé importante dans un monde qui est un monde turbulent, dans lequel beaucoup de personnes sont, comment dire, en décrochage ou effrayé par l’imprédictabilité du futur ?

    Minter Dial : Il me semble qu’il y a la difficulté dans cette posture avec laquelle j’adhère totalement, c’est qu’il faut quand même souffrir, il faut quand même laisser cette souffrance. t’emporter parce que si tu dis je ne veux pas avoir la tristesse parce que c’est juste un regard c’est une pensée je ne veux pas faire le deuil etc qui font partie on va dire naturelle de tout ça on cache tout ça mais ça reprend la bête de tout à l’heure et l’idée de ressortir plus haut ça n’arrive pas à tout le monde il y a des choses qui te tuent et enfin.

    Brigitte Boussuat :  En même temps, tu vois que ça n’est pas relatif à l’événement en lui-même. Il y a des gens qui ne vont pas se remettre d’avoir été viré de leur entreprise. Il y en a d’autres qui vont s’en remettre. Ce n’est pas l’événement en lui-même. C’est à chaque fois effectivement cette courbe de résilience que tu peux traverser ou pas, et je suis d’accord avec toi. En fait les gens sont très peu en contact avec leurs propres émotions. Nous c’est ce qu’on passe notre temps à faire, c’est la connaissance de soi et la connaissance de tous les patterns émotionnels qui nous traversent. On ira plus ou moins vite sur certaines émotions. Et par rapport à ça, je suis d’accord avec toi, une émotion c’est quoi ? C’est comme un post-it chimique et électrique, c’est un duplicateur d’énergie. Donc ça va t’amener, comment dire, une réactivation de quelque chose. Et donc en ce sens, ça traduit qu’il se passe quelque chose. Donc tu ne peux pas faire ardoise magique et puis dire non, je ne suis pas triste. Au contraire, l’idée c’est que la colère te pousse à avancer, parce que tu as l’impression que ton territoire a été restreint, envahi. La joie t’amène à partager. Tu vois quelqu’un qui est joyeux, il se met un sportif joyeux, il regarde vers le ciel, il tourne, il veut communiquer à tout le monde, donc c’est partager. La peur, elle est géniale, parce qu’elle t’amène à reculer. Et si tu recules, tu vois les choses différemment et tu te prépares. Donc la peur, elle nous amène à être en survie. Nous sommes en fait les survivants, ou en tout cas nous sommes les héritiers de toutes les générations qui nous ont précédées, qui sont des peureux. Si on n’avait pas peur, on ne serait pas en vie. Il ne faut pas l’oublier, donc nous sommes une bande de peureux. Et enfin la tristesse, elle t’amène à dire Lâche ta vie d’avant, lâche ton salaire d’avant, lâche ton poste d’avant, lâche prise. Et donc c’est important de se laisser aller dans la tristesse, de pleurer et de se dire mais ça c’était la vie d’avant et il y a une autre vie. Et ton cerveau il te dit je suis prêt pour un renouveau. J’invite les lecteurs à aller voir une superbe vidéo qui a été tournée, et tout le monde s’en fout sur les émotions, parce que c’est important. Ça m’a beaucoup servi à bien comprendre ce qui se passait en moi. Et tout le monde s’en fout.

    Minter Dial : Mais en fait, je voulais croiser quelques autres éléments que j’ai eus en lisant ton livre. Tu as fait une citation de Romain Garry, que je ne connais pas, mais que j’ai trouvé très pertinent. Il dit « On ne peut pas attendre d’arriver à avoir un sens de sa vie, il faut aller le chercher, il faut lui en donner un. » Je trouve qu’il y a beaucoup de responsabilité ou accountability, on dit en anglais, d’aller chercher ton sens de vie. Et puis tu as dit, le risque, ça donne vie, ça te fait vivre en vie quelque part. À la fois, tu as dit aussi, la peur, ça demande de l’énergie. Donc c’est un espèce de trois choses. Il y a un qui est qu’il faut aller chercher, dans le sens, vivre, avoir des risques dans la vie, ça donne vie, alors qu’aujourd’hui il y a beaucoup de gens qui vivent dans la précaution, ne veulent pas du tout avoir de risque, et j’ai envie de dire c’est comme vivre dans la mort.

    Brigitte Boussuat :  Oui, c’est ça, c’est exactement ça. Il y a des courbes où on voit l’exposition au risque. Ce qui est sûr, c’est que si tu ne t’exposes pas au risque, au fur et à mesure, ça génère de la frustration. Ça peut être des risques professionnels, faire une conférence sur un thème que tu n’as jamais fait, par exemple. Et donc, au fur et à mesure, ça va amener plus d’incompétence puisque tu vas devenir de moins en moins adapté et ça va devenir frustrant et tu vas devenir, justement, tu auras l’impression de ne pas avoir vécu ta vie. À défaut, quand tu t’orientes sur une prise de risque, une prise de risque élevée, au début tu es incompétent, c’est stressant, il faut aller chercher différentes options, donc effectivement tu es en ébullition. Par contre, il y a une rétroaction sur l’estime de soi, parce que tu regardes puis finalement tu dis « ouais, je l’ai fait ». Et moi je sais que cette traversée elle m’a portée parce qu’il y a eu effectivement, ça a nourri la confiance en moi et en même temps l’humilité de se dire bon ben voilà. C’est juste, qu’est-ce que tu fais après ? Mais de rester aussi très très humble par rapport aux enjeux. Et donc dans cette idée, la prise de risque, oui, elle rend vivante. Quand moi je fais du parapente aussi, il y a une prise de risque à chaque fois que tu décolles. Donc si tu n’as pas suffisamment eu peur, tu as mal vérifié par exemple tout ton arnachement, tu n’as pas vérifié les suspentes, etc. Donc cette peur elle est là pour nous maintenir en vie, et en même temps quand on passe des moments difficiles et que ça a été un peu chaud, au moment où tu poses, tu as l’impression de ce regard d’énergie, de te sentir terriblement vivante.

    Minter Dial : Et de faire face au risque. c’est un des clés, selon moi en tout cas, de vivre ces risques, de passer à travers, qui rajoutent à la résilience ?

    Brigitte Boussuat :  Est-ce qu’il y a un risque et résilience ? Je ne sais pas, je ne sais pas. Parce que la résilience aussi, tu vois là j’étais en train de parler sur les prises de risques, prises de risques sportives etc. qui te rendent vivante. Et le problème c’est que l’addiction au risque, ça devient aussi au risque et à l’effort, on voit ce qu’on appelle la bigorexie, c’est-à-dire à la fin ça te libère tellement d’endorphine, tellement de cortisol aussi, parce que t’es stressé pendant ces moments de risque. Du coup, ça te maintient dans un état fort, un état de tension. Moi, je crois qu’en même temps, il faut être suffisamment respectueux avec soi-même pour dire que tu ne peux pas passer ton temps exposé aux risques tout le temps, parce que sans ça, tu vas désorganiser tout. Dans ton cerveau, il y a du glutamate, un activateur, et puis il y a le GABA qui est un truc pour te relaxer. Et chaque cellule du cerveau doit être exposée et rééquilibrée. Il faut dormir, il faut se reposer, il faut avoir des moments doux, des moments en famille, etc. Puis à un moment reprendre certains risques. Mais pour moi c’est une question d’équilibre. Et la résilience, je ne sais pas, moi je te parle par exemple d’une résilience, c’est aussi un moment de se dire « Tiens, ce sport n’est plus pour moi ». où ce métier n’est plus fait pour moi et je vais ailleurs. Donc effectivement, si tu te dis ça, ça veut dire faire un deuil pour aller t’exposer ailleurs. Ça, il y a une notion de prise de risque, de changer d’entreprise. J’essaie de prendre des exemples pour tes lecteurs, mais changer d’entreprise, changer de conjoint, devenir parent, tout ça, c’est de la prise de risque effectivement, qui va générer sûrement plus de résilience.

    Minter Dial : Et dans ce monde qui change tant, il me semble donc que le besoin de résilience est encore plus fort.

    Brigitte Boussuat :  Oui, oui, c’est sûr. Mais dans la résilience, il y a une notion, parce que tu évoques la prise de risque dans la résilience, mais il y a aussi une notion d’acceptation, tu vois, d’accepter les choses. Moi, je sais que, par exemple, dans les acceptations, je ne suis pas très acceptante naturellement, mais il y a un moment où mon corps m’amène à accepter des trucs. Il me dit, non, je ne vais plus marcher 25 kilomètres parce que j’ai mal à la hanche, etc. Donc, il y a un moment aussi d’adaptation de ton potentiel, de ce que tu sais faire, etc. par rapport à des réalités. Donc il y a accepter et prendre le risque de s’exposer ailleurs sur d’autres choses. Je pense que c’est une sorte de duo pour qu’il y ait quelque chose qui fonctionne.

    Minter Dial : Toi qui étais une grande skieuse aussi, ce qui m’a toujours fasciné en toi, mais j’ai eu sur mon podcast anglais un mec qui a grimpé un immeuble de 350 mètres de haut sans cordes, enfin juste avec ses mains nues. Et on va dire ça c’est une grande prise de risque. Et ce qui m’a étonné là-dedans c’est deux choses. Un, c’est le côté connaissance de soi, deux, préparation pour ce travail et la capacité de se dire je ne suis pas prêt. d’avoir ce sentiment dans la peur, d’être en contact avec cette peur qui permet de se protéger, de faire une bêtise, parce que l’adrénaline qui arrive dedans, c’est une chose de plus parce que j’ai fait 350, je peux faire 400, 450 et à un moment donné…

    Brigitte Boussuat :  T’évoques la notion de renoncer aussi, tu vois. Moi je me souviens, donc moi je fais du parapente, je te l’ai dit, on avait sponsorisé l’épreuve que Red Bull donne comme étant la plus engagée de tout ce qu’il finance. Donc ça consiste à partir de Salzbourg en Autriche pour arriver à Monaco. Tu traverses les Alpes, tu cours, tu voles. Voilà, c’est ça l’épreuve. Donc évidemment, c’est très, très engagé parce qu’il ne vole pas dans des bonnes conditions, il passe par-dessus des glaciers, etc. Et il y en avait un de l’équipe de France 3. J’avais demandé à Fifi, je lui avais demandé, donc j’avais fait une interview et je lui avais dit, de quoi tu as le plus peur ? Et ce qui était intéressant, c’est qu’il avait répondu, j’ai peur de me retrouver en tête parce que justement, je ne saurais plus renoncer. Et j’ai trouvé ça hyper intéressant parce que c’était sa zone de danger et il le savait parfaitement. Il avait une petite fille et il le savait parfaitement.

    Minter Dial : Ma tête va vers celui qui est dans la guerre et on est douze, on doit aller chercher à conquérir une colline ou quelque chose. Et le premier qui sort, d’avoir ce courage-là, d’être le premier en tête, comme tu disais, ça c’est toute une autre force. Alors Brigitte, tu as fait ce voyage extraordinaire. Tu parles du fait que les gens pensent que c’est toujours extraordinaire, c’est ce qui a fait en sorte que tu n’as pas voulu vraiment en parler. Un point qui m’a semblé clé, c’est que tu avais ce rêve, ambition de le faire quelque part, qui est arrivé, affaire solitaire finalement, et à la fin tu parles d’aboutir à la destination. et combien on peut se sentir vidé parce qu’on a fait ce qu’il fallait, on a fait la destination. Et ça me faisait penser beaucoup à cette histoire de sens et de destination. Et en tout cas, si tu es parti avec une idée fixe de ce que tu voulais, ma réaction, ma lecture, c’est que ça aurait endommagé l’expérience.

    Brigitte Boussuat :  C’est clair, tu vises ta destination, c’est sûr qu’en plus l’image et l’illustration, chaque fois tu réajustes ton cap en fonction des dérives de vent, etc. Et c’est vrai qu’il y a cette notion en permanence d’être tiré Un petit peu comme dans les objectifs de nos vies, c’est bien plus facile quand tu as un objectif clair. On voit les enfants quand ils savent par exemple ce qu’ils veulent devenir, c’est plus facile pour eux de travailler à l’école, c’est extrêmement limpide parce que justement il y a cette zone de tension positive qui te tend, qui met toute ton énergie. dans le même axe. Donc ça c’est intéressant. En même temps on t’évoque quand on dit ce n’est pas la destination qui compte mais c’est le chemin. Et c’est vrai que le truc s’est réveillé très concrètement quand je suis arrivée. t’es arrivé quoi et alors là il y a un grand vide en plus tu veux le corps s’est tellement habitué à être dans ses fluidités de la mer qu’à partir du moment où le bateau est à plat, où il bouge plus, t’as l’impression que ton bateau est mort donc c’est un truc terrible, t’as.

    Minter Dial : Un vide J’ai eu un monsieur, un rugbyman, qui s’appelle Denis Charvet. Je ne sais pas si tu vois qui c’est. Il était au centre intérieur de l’équipe de France au rugby. Je l’ai lu sur mon podcast et je l’ai aidé dans certains de ses livres. Il a parlé de le vide après le sifflet du dernier match international auquel il a joué. Et on est, il me semble, une société qui veut parler d’ambition, qui veut parler d’objectifs, beaucoup dans les sociétés en tout cas, mais en fait atteindre l’objectif finalement peut être écrasant, ou en tout cas difficile à vivre.

    Brigitte Boussuat :  C’est connu, je ne me souviens plus de la proportion des grands sportifs en arrêt de carrière. C’est monstrueux la proportion de dépression. Pour moi, elle est liée à deux choses. Cette absence de projet, parce qu’il faudrait inventer une nouvelle vie alors que tu avais existé à 150% dans ta vie de sportif. La deuxième chose aussi, c’est que nous sommes le fruit de tous ces neurotransmetteurs et que quand tous les jours tu as eu de la cortisone, quand tous les jours tu as eu de la dopamine, des endorphines à fond à fond, brusquement tu as pu tout ça, tu as pu ton cocktail. Et si tu regardes par exemple quelqu’un qui vit une vie très intense avec pas mal de stress, etc., quand il arrive en vacances le premier jour, Il n’y a plus rien, il dort, il tombe, c’est même plus dormir, c’est tombé. Pourquoi ? Parce que justement tout ce cocktail de neurotransmetteur n’est plus en jeu. Donc il y a aussi cette notion de nous sommes dépendants du cocktail que nous avons fabriqué tout au long de notre vie. Et quand il y a des bouleversements comme ça, ça peut être par exemple les blessures chez les sportifs où brusquement ils sont alités, là c’est monstrueux pour eux, c’est monstrueux. Donc tous ces moments, c’est dur aussi pour des raisons biologiques.

    Minter Dial : Moi je l’ai vécu chez L’Oréal, mais c’est vrai que la veille de départ pour les vacances était toujours juste monstrueusement mauvaise. et puis arrivé le premier jour, nombre de fois, par exemple, je suis allé faire du ski. Et c’est classique. On dit souvent le premier jour ou dernier jour de ski. Ce sont les deux jours. Le dernier, on est relâché. Premier, on est super tendu et peut-être trop relâché à la fin. Mais là, ça, c’est des réflexions. Il y a une autre chose qui m’a beaucoup apprécié, que j’ai beaucoup apprécié en lisant ton livre, Brigitte, c’était sur l’histoire du temps, ton vécu du temps. sur un traversé qui t’a mis plutôt qu’un jour, si je me souviens bien, enfin c’est qu’un jour à peu près, et comment le temps était différent, et le silence, car en fait comme je ne suis pas marin, je n’imaginais pas, mais enfin je ne peux pas savoir ce que c’est d’être tout seul en solitaire, au large comme ça, j’imaginais beaucoup de silence. Mais raconte-nous comment tu revis cette histoire.

    Brigitte Boussuat :  De temps et de silence. Le temps, c’est le temps de la nature. Et ça c’est merveilleux parce que moi je sais que j’aspire à l’heure actuelle tous mes programmes hormis des jours où je suis en intervention. C’est météo, météo que je regarde à 7 jours et ensuite je règle tout pour que je puisse avoir la liberté d’aller marcher, etc. Donc la nature va énormément organiser mon emploi du temps. Quand tu es en mer, c’est exactement la même chose, tu vas suivre le soleil, tu vas suivre les nuages pour voir ce que tu vas risquer de prendre sur la figure, et puis tu vas suivre ta nature avec tes propres biorythmes, et comme le problème c’est que tu ne peux pas t’autoriser à dormir, c’est toutes les 20 minutes, puis après tu vas refaire des petites sommes. Donc en fait il y a une reconnexion à la nature qui est puissante, qu’on a complètement perdu. Moi j’invite, tu vois ce sera sûrement l’objet d’un autre bouquin que je ferai, c’est de se reconnecter à sa nature, à la nature. C’est presque comme si on était hors sol à l’heure actuelle, on est complètement déconnecté. Donc ça c’est cette notion du temps. C’est aussi la notion du temps de faire par exemple si tu pars de Paris et tu vas en Martinique, tu vas avoir je ne sais pas combien d’heures en ce moment, ça doit être six heures de décalage horaire. En fait, moi ayant suivi le soleil, c’est un voyage qui est arrivé sans décalage horaire. Parce que c’est le temps long, le temps doux, autant de choses qu’on a perdues parce qu’on est dans des temps fous. et des temps qui sont… On est dans des sociétés à temps très rempli. Qu’est-ce que je fais de telle heure, telle heure, telle heure ? Et le vide, on le sait, il y a des bouquins qui ont été créés là-dedans, mais le vide, il crée justement cette capacité à rêver. On le sait aussi en créativité. Si une entreprise dit, bon, il faut absolument créer le prochain produit, c’est pas avec ça qu’on va faire les bons produits. Il faut de la respiration, de l’inspiration et du temps, justement, pour s’évader. Ça c’est sur le temps, et après tu disais sur le bruit. Ah oui, tu as imaginé que j’étais dans le silence, et non, ça fait un boucan terrible.

    Minter Dial : Le chaos, tu parles du chaos.

    Brigitte Boussuat :  Il y a tout qui bouge, il y a tout qui fait du bruit, tu as l’édrisse dans le mât, les voiles, t’as le bateau dans la vague, t’as les vagues quand tu veux aller dormir à l’avant du bateau, t’entends les ruissellements d’eau, t’entends tout ça. Et puis moi en plus, j’avais de l’eau qui rentrait sous les planchers. J’avais des vagues à chaque vague, j’avais une vague à l’intérieur de mon bateau.

    Minter Dial : Qui était plus préoccupante par ailleurs.

    Brigitte Boussuat :  Beaucoup plus absolument. Donc en fait, tu as du bruit en permanence. Ce que tu n’as plus comme bruit, c’est une parole humaine. Voilà, une parole humaine. Ça, tu ne l’as plus. Alors moi, en plus, pour tenir, j’avais à l’époque, ça va dater mon témoignage, mais j’avais les cassettes. Donc mes amis m’avaient fait des cassettes. Je me mettais des séries de cassettes. C’était mon moyen d’entendre des humains.

    Minter Dial : Et la musique pour te donner un peu d’encouragement et tout. Tu as eu quand même une chouette qui est venue te rendre visite pendant un jour, et autre remarque que je me faisais en te connaissant, tu parlais du fait que tu avais envie de faire ça avec quatre copines ou des copines avant, et tu avais quand même deux machines nommées, qui t’ont accompagné dans la forme d’Arthur et d’Oscar, le nom de mon fils. Donc t’as donné deux noms masculins à tes deux machines alors que tu voulais t’accompagner avec des copines.

    Brigitte Boussuat :  Oui, je ne sais pas. Peut-être aussi, là encore, c’est daté, mais c’était un peu la référence. Arthur, amenez-moi ça, comme une sorte de serviteur. Après, ce qui est intéressant, c’est qu’effectivement, quand tu es seule, tu recrées un monde autour de toi. Ma plante, il y avait des choses qui avaient de l’importance. Mon bateau, Le bateau, c’est ton bateau, c’est ton pote, c’est ton partenaire. Le bateau, t’es plus là, donc il y a le bateau. Effectivement, après, il y a le régulateur, il y a le, comment dire, le pilote automatique, ma petite plante, la chouette. La chouette, j’ai été triste quand elle est partie, elle est restée plusieurs jours. De mémoire, je ne me souviens plus exactement, mais elle a dû rester au moins deux jours quand je ne l’ai plus revue, mais j’étais triste parce que tu t’accroches au moindre truc.

    Minter Dial : Je voulais juste interjecter sur ce que tu avais dit avant sur la connexion avec la nature. Il y a un livre que je recommande fortement, j’espère que c’est en français, ça s’appellerait, si c’est en français, je ne sais pas vérifier, ça s’appelle « Les connexions perdues ». Et c’est écrit par un journaliste anglais qui s’appelle Johan Harry, H-A-R-I. Et il témoigne d’avoir passé plus de 25 ans de sa vie avec des médicaments pour la dépression. Tous les deux ans, il devait changer le dosage ou le médicament car ça ne marchait plus. En fait, tout ça, c’était une lueur, c’était un supplément de sa vie alors qu’il ne se focalisait pas sur la vérité de sa vie. Et il est allé décrire sept types de moyens de se reconnecter à la vie. qui lui ont sauvé la vie et j’ai l’impression qu’on a beaucoup perdu dans ce, comme tu disais, le contact avec sa nature et la nature. C’est probablement le problème de notre civilisation de l’ouest, sans parler de problèmes climatiques. de parler de juste l’incapacité de tolérer la boue, la salissure, le risque, la mort. On est parti dans un monde ascétique où regarde-moi comment je suis parfait et mettre les mains dans la boue, reconnecter avec le virus de la terre quelque part, c’est immunisant pour la vie.

    Brigitte Boussuat :  C’est comme une méditation. Je fais beaucoup de jardinage. Quand je suis dans mon jardin, je ne suis pas ailleurs. Je ne réponds pas au téléphone. Je suis avec la nature. Donc, j’observe les bourgeons. Là, les bourgeons sont en train de sortir en ce moment. C’est merveilleux. La nature n’est pas du tout en train de dormir. Et donc, effectivement, il y a quelque chose de profond. on fait partie de cette planète et qu’on l’a trop oublié.

    Minter Dial : Dernière question à toi Brigitte, et pas les moindres, mais quand même. Combien est-ce que ce voyage a changé le cours de ta vie ?

    Brigitte Boussuat :  Combien ? J’aime bien tes questions, mais combien ? C’est vrai qu’elles sont déstabilisantes. Énormément. Déjà parce que je n’avais pas imaginé que ça puisse changer. Pour moi c’était une sorte de parenthèse où tu fais quelque chose, mais en fait cette parenthèse est venue nourrir qui j’étais. Donc chaque pas que j’ai fait dans la vie, je l’ai fait nourri de cette parenthèse. Donc en fait je serais tentée de dire qu’elle est partout, parce que ça m’a permis derrière de dépasser des obstacles que j’avais, parce que j’ai appliqué les mêmes choses, les mêmes ressources, dans les mêmes logiques. Donc après, sur des sujets différents, je fais de la montagne, j’étais avec mon fils, j’avais fait avec Diana que tu connais, on a fait le Kilimanjaro, j’ai fait le Kilimanjaro avec un genou complètement bousillé, Et je suis allée chercher les mêmes choses en me disant une seconde après une seconde après une seconde parce que j’étais vraiment pas bien, je saturais très mal, l’oxygène arrivait assez haut. Et donc c’est les mêmes logiques de dire soit maintenant, ici maintenant, pas ailleurs. Pas dans une heure, parce qu’une heure c’est loin. Quand t’es pas bien, une heure c’est montreusement loin. Donc toujours les mêmes recettes. Et à la fin, quand tu te rends compte que t’appliques ces recettes-là, elles vont être efficientes à chaque instant.

    Minter Dial : J’ai eu, j’ai fait un entretien en tant que journaliste d’un sportif dans mon sport préféré qui est le padel, un séjour-ci et c’est un argentin qui est actuellement top 10 et il a eu un accident énorme dans sa vie où son meilleur copain est mort dans la voiture et lui il a mis plusieurs années pour revenir à marcher On lui a dit, plus jamais vas-tu pouvoir jouer, il s’appelle Dineno, Martin Dineno, plus jamais est-ce que tu vas pouvoir rejouer au padel, il faut juste faire une croix là-dessus, etc. Et je lui ai posé une question dans un meeting de presse, combien est-ce qu’il ramène sa motivation d’aujourd’hui à cet accident ? Donc un grand moment, des années, etc. Et j’ai envie de dire, combien est-ce que tu arrives à faire le lien direct avec ce voyage, ou est-ce que ça devient sous inconscient ou sous conscience ou non conscient? Ça me rappelle, parce que plein de gens qui ont des expériences proches de la mort, near death experience, ça devient important, mais on est capable de l’oublier. Comment et combien est-ce qu’on peut garder ces leçons de vie énormes, ancrées dans toute sa vie, puisque tu l’as fait quand tu étais tellement jeune ?

    Brigitte Boussuat :  Je pense qu’elles sont là en permanence, elles sont dans chacune des cellules de ton corps. On le sait maintenant, la pensée consciente c’est 5%, les 95 autres pourcents c’est ce que tu ne sais pas que tu as dans le cerveau, les connexions que tu as faites qui vont faire les pensées que tu penses, on ne sait pas ce qu’on pense. Et donc pour moi c’est partout, c’est sous-jacent, c’est inconscient, et avant que ça remonte au cortex préfrontal, c’est rare. Donc quelquefois t’arrives à établir le lien en disant, ah j’ai fait ça parce que je sais déjà faire ça, mais la plupart du temps les solutions viennent, tu ne sais même pas pourquoi.

    Minter Dial : Il y a le livre des habitudes, enfin je pense que ça s’appelle autour, les habitudes atomiques, par James Clear, il parle de non-conscience. Donc il y a les 5% conscients et ensuite 95% de non-conscience, et ensuite à l’intérieur des 95, sous-conscience et l’inconscience, etc. Je trouvais ça très joliment décrit. Mais est-ce qu’il n’y a pas un besoin quand même d’être intentionnel dans cette connexion ? Car si on oublie la capacité cognitive de se dire que ça m’a apporté beaucoup, il est capable de se diluer dans le temps.

    Brigitte Boussuat :  Se diluer ou être en permanence là, mais sans que tu saches qu’il est là. Est-ce qu’on comprend le processus de nos pensées ? Comme je travaille beaucoup sur les neurosciences, tu te rends compte qu’à la fin, notre cerveau, c’est une énorme, fabuleuse machine, mais qu’on n’a même pas le permis de conduire, cette grosse machine. C’est ça le truc. Donc ce qui est sûr c’est qu’à chaque fois qu’on fait remonter au niveau de la conscience, et ça tu vois par exemple dans les coachings, il y a des gens qui pensent qu’ils ne sont pas capables de faire, puis finalement quand on leur fait réévoquer, qu’on leur fait établir des parallèles, établir des liens, des liens profonds dans les expériences qu’ils ont déjà vécues, à ce moment-là effectivement, la verbalisation va repermettre une potentialisation long terme du souvenir. Donc je pense que c’est bien si on peut. Mais je pense que la majorité des choses qu’on sait faire, on a du mal d’ailleurs, on le sait, on a du mal à expliquer pourquoi et comment on sait les faire. Parce que justement c’est tout notre patrimoine.

    Minter Dial : Je pense qu’on a beaucoup parlé de qui es-tu à travers ces mots, cette conversation, mais quand même, il faut faire. Dans le faire de qui es-tu, Brigitte, raconte-nous en dernier. ce que tu fais, comment les gens peuvent te connecter avec toi, et où t’embaucher, et où évidemment lire tes livres, et notamment celui-ci, La folle du bassin.

    Brigitte Boussuat :  Celui-là c’est la seule autobiographie, enfin c’est la seule biographie que j’ai écrite, puisque effectivement d’habitude je suis plus dans le registre professionnel. Le registre professionnel c’est les sovskis, la connaissance de soi. J’ai à ce titre créé la méthode DISC 4Colors, une méthode qui utilise la base des couleurs pour établir des dynamiques dans la personnalité. Et bien évidemment nous avons à l’intérieur de nous des dynamiques. Toutes les dynamiques sont à l’intérieur de chaque personne et vont s’exprimer à des instants de vie, à des moments différents, mais nous avons quand même des schémas vers lesquels on va revenir le plus souvent. Donc rouge, jaune, vert, bleu, quatre tendances de personnalité. Rouge pour aller de l’avant, jaune pour échanger, vert pour approfondir, et bleu pour prendre du recul. Voilà des dynamiques de personnalité. Ça nous a amené à écrire six livres qui sont écrits autour de la méthode des couleurs Fort Collins, pour vendre, manager, faire du lean management, des livres très opérationnels, et pour animer toute cette comment dire, cette joyeuse communauté, je suis donc à l’initiative de la communauté Know Futures, alors avec un K, tu l’auras deviné, puisque tu es anglophone avec une blagounette avec les Sex Pistols, No Futures, c’est une communauté qui relie des consultants, on est 850 maintenant, quatre continents et c’est une communauté apprenante et tous les jours, nous partageons, nous apprenons et nous nous réunissons au cours d’un festival de l’innovation pédagogique. Voilà, je crois que ça, je t’en ai mis pas mal.

    Minter Dial : You funny learning.

    Brigitte Boussuat :  Voilà, des Funny Learning, qui est une certification sur la neuropédagogie, et l’autre qui est Certification for Colors sur la connaissance de soi. Tous les consultants ou les managers ou les formateurs en entreprise qui sont intéressés peuvent nous retrouver. On a des blogs, je crois que s’ils tapent sur Internet, ils vont nous retrouver facilement. On a un blog Funny Learning, on a un blog for Colors, on a des sites, enfin on a plein de choses. Il faudrait être finalement explorateur pour trouver.

    Minter Dial : Autant il y a des consultants qui peuvent parler de la connaissance, autant la découverte de toi dans ce livre m’a reconforté, enfin je n’avais pas besoin d’être reconforté, mais il m’a donné encore une autre vision de toi. approfondi et qui me paraissait essentiel dans ton cours, comment t’es arrivé à être cette personne que tu es, et la profondeur de tes pensées, de ton être, ton humanité. Je te remercie beaucoup Brigitte d’avoir, enfin, de ton amitié et d’avoir passé une petite heure avec nous. Et voilà, on se garde en chaud contact.

    Brigitte Boussuat :  Bien sûr, bien sûr. En tout cas, merci Minter pour ces moments partagés encore une fois. Et comme tu dis, on garde le contact. Merci à tous.

    Minter Dial : Merci, bye bye.

    Brigitte Boussuat :  Ciao, ciao.

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